Relations internationales
📚 Fiche détaillée – Relations internationales
Introduction générale aux relations internationales
La discipline des relations internationales est une science sociale qui étudie les interactions entre les États, mais aussi entre divers acteurs transnationaux (organisations internationales, ONG, multinationales, individus) dans l’espace mondial. L’étude des relations internationales vise à comprendre les phénomènes de coopération, de conflit, de régulation et de transformation qui structurent les rapports entre les entités politiques à l’échelle planétaire.
L’histoire des relations internationales modernes commence avec la paix de Westphalie en 1648, qui marque la naissance du système interétatique fondé sur la souveraineté des États. Depuis lors, ce système n'a cessé de se transformer, notamment sous l'effet de deux tendances majeures : la montée des interdépendances économiques et sociales entre sociétés, et la persistance des logiques de puissance.
La discipline s’est constituée au début du XXᵉ siècle, particulièrement après la Première Guerre mondiale, dans un contexte de recherche de paix durable. Elle s’est progressivement institutionnalisée, avec la création de chaires universitaires spécialisées et la publication de revues scientifiques. Le courant réaliste, incarné par Hans Morgenthau, insiste sur l’importance du pouvoir et des intérêts dans les relations internationales. Le courant idéaliste, en revanche, voit dans la coopération et la rationalisation juridique des rapports internationaux les clefs d'une paix durable.
Ainsi, l’étude des relations internationales oscille constamment entre deux pôles : la reconnaissance du conflit et la recherche de sa régulation.
Partie I – La scène de la société interétatique
La société interétatique désigne l’ensemble des relations qui se développent entre les États souverains, considérés comme les principaux acteurs du système international. Depuis la paix de Westphalie, la souveraineté est définie comme la capacité d’un État à exercer une autorité exclusive sur son territoire, sans intervention extérieure.
Cette scène interétatique est marquée par plusieurs caractéristiques fondamentales. D'abord, elle repose sur l’anarchie internationale, c'est-à -dire l’absence d’une autorité supérieure aux États capables de les contraindre de manière effective. Chaque État est souverain et n'est soumis qu'à sa propre volonté. Cette situation explique la récurrence des conflits armés et la prépondérance des rapports de force. La notion de balance of power (équilibre des puissances) devient ainsi un mécanisme central de régulation : les États cherchent à prévenir l’hégémonie d’un seul en s’alliant pour maintenir un équilibre relatif.
Historiquement, le système interétatique a évolué par grandes ruptures. La paix de Westphalie (1648) a consacré la souveraineté des États européens. Le Congrès de Vienne (1815) a tenté de restaurer l’équilibre européen après les guerres napoléoniennes, inaugurant la période de la Sainte-Alliance. Au XXᵉ siècle, le système de la Société des Nations (1919) puis celui de l’Organisation des Nations unies (1945) ont incarné la tentative de créer un ordre international fondé non seulement sur la souveraineté, mais aussi sur la sécurité collective et la coopération juridique.
L’État moderne, tel qu’il émerge en Europe aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, repose sur trois piliers : la souveraineté territoriale, la centralisation de l’autorité politique et l’exercice légitime de la violence (selon la définition de Max Weber). La diplomatie devient, dans ce cadre, un instrument privilégié pour la gestion des différends et la négociation d’accords internationaux.
Loin d’être immobile, la scène interétatique connaît des transformations profondes au XXᵉ siècle. La décolonisation entraîne une multiplication des acteurs étatiques (passage de 51 États membres à la création de l’ONU en 1945 à près de 200 aujourd’hui). Les relations Nord-Sud deviennent un enjeu majeur, tout comme la coexistence difficile entre États capitalistes, socialistes et pays du Tiers-Monde durant la Guerre froide.
Enfin, malgré l’émergence de nombreux nouveaux acteurs, l’État reste aujourd'hui encore l'acteur central des relations internationales. Sa souveraineté est certes de plus en plus relative (sous l’effet du droit international, des pressions économiques, de l’ingérence humanitaire), mais il conserve la maîtrise ultime des décisions stratégiques majeures, notamment en matière de guerre, de paix et de diplomatie.
Partie II – La scène des organisations internationales
La scène des organisations internationales désigne l’espace constitué par l’ensemble des institutions créées par des accords entre États, pour organiser de manière durable certaines coopérations ou réguler certains domaines spécifiques des relations internationales. Ces organisations jouent un rôle fondamental dans la structuration de l’ordre mondial contemporain.
Les premières formes d’organisations internationales apparaissent au XIXᵉ siècle avec la création de commissions techniques chargées de la régulation des fleuves ou des postes (ex : Union postale universelle en 1874). Cependant, c'est au lendemain de la Première Guerre mondiale que naît la première grande organisation politique internationale : la Société des Nations (SDN), créée par le traité de Versailles en 1919. Son objectif était de prévenir la guerre par le dialogue et la coopération entre États souverains. Malgré ses échecs (notamment l'incapacité à empêcher la Seconde Guerre mondiale), la SDN inaugure un modèle institutionnel qui sera repris et perfectionné avec la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945.
L’ONU repose sur la Charte de San Francisco et affirme plusieurs principes majeurs : l’égalité souveraine des États membres, l’interdiction du recours à la force, le respect du droit international et la promotion des droits de l’homme. Son Conseil de sécurité, composé de cinq membres permanents dotés du droit de veto (États-Unis, URSS/Russie, Chine, Royaume-Uni, France), incarne la logique de realpolitik au sein même de l’institution multilatérale.
À côté de l’ONU, de nombreuses autres organisations internationales se développent : le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale, créés à Bretton Woods en 1944 ; l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord) en 1949 ; l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en 1995. Ces organisations régulent des secteurs spécialisés (sécurité collective, économie, commerce, développement).
Il faut également souligner l’importance croissante des organisations régionales. L'Union européenne, issue de la CECA (1951) puis des traités de Rome (1957), constitue le modèle le plus abouti d'intégration régionale, mêlant coopération économique, politique et juridique.
Cependant, le rôle des organisations internationales reste limité par deux facteurs. D'une part, leur pouvoir est dérivé de celui des États : elles n’ont d’autorité que ce que les États membres acceptent de leur déléguer. D'autre part, leur efficacité dépend souvent du consensus politique entre grandes puissances, ce qui limite leur action en période de rivalités exacerbées (ex : paralysie du Conseil de sécurité durant la Guerre froide).
Ainsi, les organisations internationales sont devenues des acteurs incontournables des relations internationales contemporaines, mais elles demeurent fondamentalement dépendantes de la volonté des États.
Partie III – La société-monde
La notion de société-monde désigne l'ensemble des interactions transnationales qui tissent une communauté humaine globale, au-delà des frontières étatiques. Elle repose sur l’idée que les sociétés humaines partagent de plus en plus des enjeux, des valeurs, des menaces et des aspirations communes.
La construction d'une société-monde s'accélère à partir de la deuxième moitié du XXᵉ siècle, sous l’effet de plusieurs facteurs. D’abord, l’essor des communications (télévision, Internet, transports aériens) réduit les distances et accroît l’interdépendance entre peuples. Ensuite, la mondialisation économique crée des flux massifs de marchandises, de capitaux, d’informations et de personnes, rendant les économies nationales de plus en plus interdépendantes. Enfin, l’émergence de menaces globales (changement climatique, pandémies, terrorisme transnational) pousse à penser la politique à l’échelle mondiale.
Cette montée en puissance de la société-monde s’accompagne de l’affirmation d’acteurs non étatiques puissants. Les ONG (ex : Médecins Sans Frontières), les firmes multinationales, les mouvements sociaux transnationaux (ex : mouvements écologistes) influencent de manière croissante les décisions internationales. Par ailleurs, l’opinion publique mondiale, stimulée par les réseaux sociaux et les médias globaux, devient un facteur de pression sur les gouvernements.
Cependant, la société-monde reste marquée par d’importantes fractures. Les inégalités de développement, les différences culturelles, les tensions religieuses et identitaires limitent la constitution d’une véritable communauté politique mondiale. Le cosmopolitisme reste une aspiration plus qu'une réalité.
Les théoriciens du cosmopolitisme, tels qu'Immanuel Kant dès la fin du XVIIIᵉ siècle, ont rêvé d’une citoyenneté mondiale fondée sur les droits de l’homme universels. Aujourd'hui, l’idée d'une gouvernance mondiale soulève des débats : faut-il renforcer les institutions internationales pour mieux réguler la mondialisation, ou au contraire défendre la souveraineté nationale face aux pressions globales ?
La société-monde est donc à la fois un projet en construction et un champ de tensions entre universalisation des normes et affirmation des identités particulières.
Partie IV – L’économie-monde
L’économie-monde désigne l’espace unifié par des flux économiques transnationaux, transcendant les frontières nationales. Le concept est développé par Fernand Braudel, qui montre comment des économies régionales, à partir du XVIᵉ siècle, commencent à se connecter pour former un marché mondial hiérarchisé.
La mondialisation contemporaine, amorcée dans les années 1970-1980 avec l’essor du néolibéralisme, marque une accélération spectaculaire de l'intégration économique planétaire. La libéralisation des échanges (via l’OMC), la financiarisation de l’économie (explosion des marchés financiers), la délocalisation industrielle, et l’essor des multinationales transforment profondément les relations internationales.
Les grandes institutions économiques internationales, comme le FMI, la Banque mondiale, et l’OMC, jouent un rôle clé dans la régulation de l'économie mondiale. Elles favorisent l’ouverture des marchés et la standardisation des normes économiques, mais elles sont aussi critiquées pour leur manque de légitimité démocratique et leur rôle dans l'aggravation des inégalités.
La crise financière de 2008 illustre à quel point l’économie-monde est à la fois intégrée et vulnérable : une crise née aux États-Unis se propage rapidement à l’ensemble du système mondial. Depuis, la régulation de la mondialisation est devenue un enjeu central du débat international, avec des appels à plus de contrôle sur les flux financiers et une meilleure coordination des politiques économiques.
Parallèlement, la montée de nouvelles puissances économiques, notamment la Chine, a contribué à remodeler les rapports de force mondiaux, mettant en question la domination historique des puissances occidentales.
Enfin, l’économie-monde est désormais confrontée aux défis environnementaux : la lutte contre le réchauffement climatique impose de repenser le modèle de croissance globale, avec des accords multilatéraux comme l’Accord de Paris sur le climat (2015).
Ainsi, l’économie-monde est devenue l’un des principaux moteurs de l’évolution des relations internationales, mais elle génère aussi de nouvelles tensions, entre gagnants et perdants de la mondialisation.
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